les Aiguilles d’Arves

les Aiguilles d’Arves

Ben et Jean Luc sont déjà là bas avec leurs skis de rando. Je les rejoins à Albiez en Maurienne.
C’est un coin qui a pris beaucoup de neige cet hiver et il en reste encore assez à l’exception de certaines pentes sud et est décapées jusqu’à l’herbe pendant les semaines de beau temps chaud. Surpris, on découvre ici des montagnes de schiste où l’érosion a modelé, creusé de fortes pentes dans un minéral fragile. Forte pente va de paire avec avalanche et ski difficile…. Prudence et aventure !
Nous abandonnons le projet du Mt Charvin que je convoitais : la combe Genin y étant partiellement déneigée. Alors on s’échauffe dans le col d’Emy (1220 m de dénivelé, cotation ski 3.2). C’est plein ouest, donc le matin à l’ombre. On grimpe sur du « carrelage » skis équipés des couteaux obligatoires. Pas le droit à l’erreur de la « zipette ». Certains préfèreront les crampons : peine perdue, c’est du « carrelage fin » sur neige de densité variable, donc interdite aux poids lourds. Sous les pieds le plancher s’effondre : c’est pire que les malfaçons dans le bâtiment : la nature fait bien mal les choses.
Quelques heures plus tard et des dizaines de conversions parfois acrobatiques on arrive au bout de nos peines.
Quand on a de la patience, que l’on sait contempler un panorama depuis un sommet, que l’on prend bien son temps de mâcher le casse croute (ce qui facilite la digestion), alors le soleil fait lentement son travail et vous prépare la récompense : une « moquette » blanche bien rase. Jamais vue la pareille dans aucun appartement. Dans ce doux dégèle de surface, la descente fut un régal, et l’on se prend à croire que l’on skie comme des « pros » sur une neige aussi facile.
Le lendemain on prend la direction de la Pointe de Pierre Fendue : 1500 m de dénivelé avec un couloir à 40°côté 3.3 (ouh là ! 3.3 quand même ! ). Tout va dépendre s’il reste en « carrelage » ou si le soleil nous fabrique de la « moquette » pour le moment précis où l’on va redescendre. Le calcul de l’heure de départ matinal fut un savant mélange de paramètres : heure solaire, exposition de la pente, vitesse moyenne du randonneur …. le plus lent, itinéraire le plus court… sans oublier l’heure du biberon de la petite (Jade)… ce ne fut pas facile, je vous jure !
Résultat : 20 sur 20. Couloir en moquette (sauf le haut qui passe en serrant les fesses) puis tout le fond du cirque nord en poudreuse , et va zy que je godille (surprise ! il restait des grandes pentes de poudreuses même après ces chaudes semaines) et une fin dans le long faux plat, sans pousser sur les bâtons. Comme toujours au retour sur le parking faut voir les skieurs se congratuler et rajouter une couche de superlatifs « dément, super, fabuleux… » « c’était au moins du 40 hein ! Aller ! 42° c’est mon dernier prix ! »
Journée de repos pour certains, Alain en profite pour aller voir versant nord du col Galibier. Mauvaise surprise, le coin est bien sec, beaucoup de pentes sont déneigées. Abandon du tour de la Pointe d’Orient pour se rabattre sur une classique : la Pointe Ratissière, très parcourue par ce beau temps, donc solo en sécurité. Horaire ? dénivelé ?…. disons simplement que j’étais en bonne forme.
Changement de montagne pour aller repérer en Belledonne un itinéraire pour les copains. Est-ce la prévision du mauvais temps, la fatigue après une bouteille de Bordeaux, les impératifs d’une vie familiale avec un nouveau né…. Les copains me lâchent. Je leur promets pour une autre fois et je reste en Belledonne. Ici le w.e. il y a des skieurs partout. Au parking, pelle et sonde dans le sac, tu met le DVA sur « on » et tu te cales entre 2 groupes. Ambiance sympa entre randonneurs « ah ! t’es du 6 – 3 viens avec nous si tu veux ! »
Les vallons se divisent en combes, les combes en couloirs… les itinéraires sont multiples. Tout en avançant , mon regard essaie d’identifier sur la droite un couloir que m’a décrit Elise « … couloir facile de 500m , crampons facultatifs, il débouche à un col et tu redescends au nord dans l’autre vallon : neige poudreuse de cinéma… » .

Je quitte le vallon et attaque une pente de neige entre 2 éperons, espérant que je sois dans une course classique où, bientôt d’autres randonneurs suivront. Que nénni… je reste seul… neige dure « carrelage »….la pente se raidit… moi aussi. Skis chargés sur le sac je continue en crampons. Ce couloir où il n’y avait aucune trace, et pour cause, je le nommerai « le Couloir sans Issue » (encore une malfaçon du BTP) il aboutissait à du mixte aérien que je n’ai pas osé entreprendre.
Je m’étais planté d’itinéraire. J’ai cependant pu apprécier cette fameuse poudreuse de cinéma le lendemain, en remontant par l’autre vallon la combe nord.
Cette erreur m’a tracassé, et après avoir bien réfléchi, je pense me faire appareiller les oreilles. ( ? ) J’explique : au téléphone avec Elise j’avais compris « … pente étroite SW, grimper couloir de 500 m… » alors que je devais entendre et chercher « …. pente à droite SW , terminer par couloir de 50 m…. ». Anecdote véridique.

Alain

2 réflexions sur « les Aiguilles d’Arves »

Laisser un commentaire